Située sur une ligne de crête entre terre et ciel, l'Abbaye est à la fois une vigie dans la tempête qui agite le monde, un hâvre de paix pour le ressourcement et une fenêtre ouverte sur l'éternité.
Dressé vers le ciel, l'oratoire des ermites du XVe siècle semble pointer vers l'orgueil de l'homme tout-puissant, qui, dans sa machine volante, au nom du Progrès et de la Déesse Raison, lance un perpétuel défi à la Création et au Créateur.
Avant de partir, un dernier coup d'oeil à l'abbaye dont l'immnse silhouette donne une impression de permanence dans le temps et de direction dans la conduite de la vie, sous l'inspiration de l'Esprit-Saint.
A contre-jour, les feuilles de nénuphar deviennent argentées et offrent à la surface de l'eau sombre un contraste saisissant.
Après-midi, dans la lumière crue du soleil au zénith, le bassin du parc est un lieu de promenade méditative, dont le silence est bercé du chant lointain de la cigaloun ; le poisson rouge, quant à lui, navigue entre les fenêtres ...
Tournoyant au-dessus du bassin pour se ravitailler en eau ou se reproduire, la libellulle - ou odonate - se meut dans l'air comme un hélicoptère ; ou plutôt, l'homme s'est inspiré du vol de l'odonate pour concevoir sa machine volante ...
La cigale, emblématique de la Provence, est une experte en camouflage dont le chant (cymbalisation) est produit par les mâles durant tout l'été pour attirer les femelles, et remplit l'atmosphère jusqu'à la fin des grandes chaleurs.
L'Abbaye est une oasis de verdure, nonobstant les très grandes chaleurs, comme celles de l'été 2018, qui nécessitent un arrosage vigilant des plantes...
Le retraitant prie sous le regard de sainte Marie, ici, une Vierge à l'Enfant située à l'entrée de la sacristie.
La chapelle des retraitants et visiteurs est d'un plan carré, surmontée par un dome circulaire appuyé sur quatre pilliers où l'on retrouve les Evangélistes à côté de leurs symboles respectifs : l'aigle, l'homme, le lion, le taureau.
De l'autre côté du Choeur on voit la sacristie, et à droite, se trouvant face à l'autel, l'espace réservé aux Soeurs.
Sur une ancienne cloche exposée à l'extérieur du cloître, on peut découvrir le monogramme IHS (abréviation du nom de Jésus en grec), la lettre M (pour Marie probablement) et une Croix rappelant le Golgotha.
Le cloître est éclairé par un puits de lumière tout en lognueur, entre l'édifice et la falaise : le retraitant emprunte ce chemin pour se rendre aux offices qui se tiennent dans la chapelle.
Etamines nombreuses et pourvues d'anthères jaunes ; les filets des étamines internes sont linéaires, ceux des étamines externes très larges ; elles entourent entièrement le pistil dont le stigmate jaune compte plus de vingt lobes.
Le calice de la fleur du nénuphar blanc se compose de quatre sépales, la corolle de plus de quarante pétales.
Simplicité élégante et magnifique dans cette composition florale aquatique de la Création.
Cette Nymphéacée a déployé la corolle de ses pétales immaculés sous les goutellettes de la source, illuminées par les rayons de frère Soleil, comme autant de flocons de cristal.
Non seulement les nénuphars prospèrent dans l'eau claire de la fontaine, mais ils abritent, eux aussi, des Cyprinidae ...
La fontaine circulaire enveloppée par l'escalier à double hélice, est alimentée par une source dont le clapotis discret est propice à la méditation d'un promeneur solitaire, ou à sa rêverie, s'il est envoyé par Lamartine.
L'escalier monumental à double hélice est un élément arcitectural que l'on retrouve dans de nombreuses bastides des bords de l'Arc, comme le Château de la Saurine à Meyreuil, et celui de l'Abbaye est particulièrement admirable.
Le bassin circulaire gagne a être vu de la terrasse : lorsqu'on prend de la hauteur, comme en toutes choses, la perspective change complètement, cependant la symétrie architecturale reste un invariant de la Renaissance.
L'eau est claire et les poissons, pour la plupart rouges - cyprin doré (Carassius auratus) de la famille des Cyprinidae - sont très actifs dans le bassin. Pêche interdite naturellement, cependant le héron le sait-il ?
Dans la vie, tout est une question du point de vue de l'observateur : ici, il semble bien que les nénuphars tentent d'entrer dans l'Abbaye, alors que les poissons rouges, eux, ont tout loisir de passer entre les barreaux de la grille.
L'Abbaye se réfléchit comme dans un miroir, l'eau calme du bassin n'étant troublée ici et là que par quelque vaguelette lorsqu'un poisson rouge barbote à la surface.
Le bassin et le parc de l'abbaye ont été dessinés à la mode florentine, à l'époque de la Renaissance.
La terre vit au rythme de la lumière : la grande fleur solitaire du nénuphar - famille des Nymphéacées - qui se referme pour la nuit, va peu à peu déployer ses pétales et exposer ses vives couleurs au soleil et au regard du visiteur.
Le cloître de l'abbaye : les croisées d'ogive de l'ère gothique sont bien conservées, dans la partie du cloître qui a survécu aux vicissitudes du temps.
Le cloître de l'abbaye à l'aube : les baies gothiques de la période bénédictine, XIIe-XVe siècles, laissent entrer les premières lueurs du jour.
Les lueurs de l'aube donnent à la façade de l'abbaye, orientée au sud-est, des teintes froides et délicates, très différentes de celles du crépuscule.
Abbaye St Pierre-des-Canons 02 août 2018 _ L'aube est ce moment si particulier où la lumière réapparaît ... Loué sois-tu, mon Seigneur, avec toutes tes créatures, spécialement messire frère Soleil. St François d’Assise (1182-1226)
